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Pourquoi le Zen ?

Le Zen est connu en Occident depuis le début du siècle par des pratiques tels que les arts martiaux, la cérémonie du thé, l’arrangement floral ou l’agencement des célèbres jardins zen japonais. La profondeur de sa philosophie et la pureté de son esthétique ont même suscité un fort engouement dans les milieux artistiques et intellectuels. Mais cet engouement, faute de déboucher sur une pratique authentique, n’a pas pu franchir le seuil d’une curiosité spéculative.

Cette pratique authentique c’est zazen : assis dans la position correcte, concentré sur la posture, la respiration paisible et l’esprit libre, zazen n’est rien d’autre que le retour à la condition normale du corps et de l’esprit. Zazen est à l’origine la posture du Bouddha par laquelle il obtint la complète libération, la suprême sagesse et la véritable liberté.

Bien que le Zen se soit développé au sein d’une des plus anciennes traditions de l’humanité, le bouddhisme, l’essence de son message a une signification universelle. Il est le principe unificateur qui forme la racine de la connaissance de soi-même par-delà les différences des systèmes, des valeurs, des nations ou des races. S’il est parfois considéré comme une religion ou une philosophie, le Zen ne repose en fait sur aucun dogme ni sur aucune idéologie. Il s’adresse directement au cœur de l’homme, il est l’expérience vivante et l’élan créateur avant toute formalisation.

Le Zen consiste essentiellement dans la pratique de zazen. Réaliser cela et le mettre en œuvre dans son existence personnelle est en fait une véritable révolution intérieure. C’est retrouver ses racines et pénétrer la réalité de sa vie. À travers cette pratique, les valeurs qui donnent un sens à la vie humaine se retrouvent fondées par l’expérience du corps et de l’esprit. Zazen est l’expérience de l’unité avant toute dualité. C’est pourquoi il est quasi impossible d’en parler car le langage sépare, exerce une coupure dans la réalité de ce qui est.

Toutes les sciences humaines ou physiques observent l’homme sous un angle particulier. Mais la somme de toutes ces visions ne reconstituera jamais un homme vivant, car la vie d’un être humain est finalement au-delà de toutes les analyses possibles, cet au delà c’est la vie, et c’est le Zen.

Kin Hin

Kin hin se pratique dans le dojo entre deux périodes de zazen. Il s’agit de la posture debout, continuation de la concentration du zazen pendant la marche.

Le haut du corps est comme en zazen, colonne vertébrale bien droite, menton rentré, nuque tendue, regard posé devant soi à environ trois mètres. La main droite enveloppe la main gauche et les deux mains sont fortement serrées ensemble et appuyées contre le sternum, les épaules restent détendues.

On avance par demi-pas en rythme avec la respiration. L’expiration correspond à un temps de tension, en restant immobile.

Le corps se détend pendant l’inspiration et on avance à ce moment-là. Comme pendant zazen, on laisse passer les pensées.
Kin hin est une méthode de profonde concentration.

Entraînement à la stabilité de l’énergie, elle développe une attitude de grande dignité.

Fukanzazengi

Enseignement du zazen (extrait) : Le zazen dont je parle n’est pas l’apprentissage de la méditation, il n’est rien d’autre que le dharma de paix et de bonheur, la pratique réalisation d’un éveil parfait. Zazen est la manifestation de l’ultime réalité.

Les pièges et les filets ne peuvent jamais l’atteindre. Une fois que vous avez saisi son cœur, vous êtes semblable au dragon quand il arrive à l’eau et semblable au tigre quand il pénètre dans la montagne.

Car il faut savoir qu’à ce moment précis (quand on pratique zazen), le vrai dharma se manifeste et que dès le début on écarte le relâchement physique et mental et la distraction. Maître Eihei DOGEN (1200-1253)

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La pratique de Zazen est le secret du Zen

Pour pratiquer zazen, asseyez-vous au centre d’un zafu (coussin rond et épais), tenez-vous bien droit et tendez la colonne vertébrale à partir de la cinquième vertèbre lombaire.

Croisez les jambes dans la position du lotus ou du demi-lotus de sorte que les genoux soient fermement enracinés dans le sol. Poussez le ciel avec la tête, poussez la terre avec les genoux.La main gauche repose sur la paume de la main droite, les pouces se rejoignent dans le prolongement l’un de l’autre par une légère pression, et les deux mains sont en contact avec l’abdomen.

Le menton est rentré, la nuque redressée, le nez à la verticale du nombril, les épaules tombent naturellement. La bouche est fermée, sans crispation, l’extrémité de la langue touche le palais derrière les dents du haut. Les yeux mi-clos, le regard se pose sans se fixer à un mètre devant soi.

La respiration doit être calme, longue et profonde. L’attention est portée sur l’expiration qui doit exercer une poussée vers le bas sur toute la masse abdominale. L’inspiration vient naturellement, automatiquement, spontanément. Le ventre doit toujours rester libre, détendu et en expansion.

Dans cette posture le flux des pensées incessantes et des ruminations mentales est interrompu par l’attention portée à la tension musculaire et à la respiration.

« Lorsque l’esprit ne demeure nulle part, le véritable esprit apparaît ».

Plus on pratique zazen, plus on comprend dans toutes les fibres de son corps que ces pensées ne sont que des contenus vides, dénués de toute substance réelle, qui vont et viennent. On se rend compte finalement qu’il existe une conscience intuitive, originale et universelle, radicalement différente de la conscience habituelle du moi. Si vous maintenez la posture juste et que vous pratiquez une respiration de plus en plus profonde et paisible, vous sentirez la réalité de la vie qui imprègne tout l’univers. On peut appeler cela le champ intégral de conscience.

Le fonctionnement du cerveau s’éclaircit spontanément et automatiquement, cet état n’est pas celui d’une conscience particulière, mais le simple retour à la condition la plus normale du cerveau. Si vous maintenez ce parfait état de conscience en zazen, la vie naturelle et incommensurable est activée au-delà des pensées du petit moi et vous sentez alors que vous êtes relié au monde extérieur, à tous les éléments de la puissante nature.

L’impulsion d’éveil, donnée par la tension musculaire, agit directement sur le cerveau et rend la conscience plus claire.

Nous devons prendre conscience de l’aspect éphémère et impermanent de l’esprit. Hishiryo (l’état de la conscience pendant zazen) veut dire laisser passer les pensées. C’est la conscience qui dépasse tout jugement spécifique tel celui qui nous fait rechercher ce que nous aimons et fuir ce que nous détestons.

Hishiryo est la pensée qui repasse par le point zéro du temps, la pensée que les raisons et les considérations personnelles n’atteignent pas. C’est la conscience universelle qui suit le mouvement de la nature et l’ordre de l’univers. C’est la conscience intégrale qui surgit naturellement et automatiquement de la posture et de la respiration de zazen. Cela ne peut être compris que par la pratique. Cette conscience de zazen est non-profit (mushotoku), elle n’a pas d’objet. Déposée comme une graine dans les neurones, cette idée germe et devient conscience naturelle.
Dans le chapitre « Shoji» du Shobogenzo, on peut lire à ce sujet:

« N’essayez pas d’évaluer cela avec votre esprit ou de l’exprimer par des mots. »

 

En d’autres termes, il est difficile de saisir objectivement, scientifiquement, la conscience si une évidence subjective ne vient pas corroborer cette saisie.

Dogen dit à son maître Nyojo :  » J’ai rejeté mon corps et mon esprit. » Cela veut dire que par zazen vous vous émancipez de l’influence de la conscience du passé et que vous retournez, corps et esprit, à l’authentique conscience d’avant l’existence humaine. La conscience du passé cesse d’être un problème, votre corps et votre esprit précédents se résolvent dans le zazen. Vous retournez alors à la pure condition de la conscience où nulle exigence ne vous attache. De cette manière, vous pouvez rejeter votre corps et votre esprit dans un monde éternel où vous créez votre véritable vie, où la sagesse s’engendre naturellement.

L'Histoire du Zen

Le Zen remonte à l’expérience du Bouddha Shakyamuni qui réalisa l’éveil dans la posture de dhyana (zazen) en Inde au VIe siècle av. J.-C. Cette expérience s’est depuis transmise de façon ininterrompue, de maître à disciple, formant ainsi la lignée du Zen.Après une implantation de près de mille ans en Inde, le moine Bodhidharma apporta cet enseignement en Chine, au ve siècle après J.-C. Le Zen, sous le nom de Ch’an, connut alors un grand épanouissement dans ce pays, y trouvant un terrain favorable à son développement.

C’est surtout pendant cette période que le Zen affirma son originalité et la pureté de sa pratique.Au XIIIe siècle, le moine japonais Dogen, après un séjour en Chine, apporta le Zen Soto au Japon. Fondateur de l’école Zen soto, Maître Dogen est considéré comme le plus grand philosophe du bouddhisme (avec Nagarjuna en Inde au Ille siècle). Le Zen influencera profondément toute la culture japonaise; plus de 20.000 temples témoignent aujourd’hui de ce rayonnement.Au XXe siècle, l’Occident commença à s’intéresser à l’aspect philosophique du Zen, alors qu’à la même époque, au Japon, Maître Kodo Sawaki donnait une nouvelle impulsion à la pratique.

À la mort de Kodo Sawaki, Taïsen Deshimaru, vint en France apporter à l’Occident l’essence de cet enseignement, à l’instar de Bodhidharma se rendant en Chine mille cinq cents ans auparavant.​Maître Taisen DESHIMARU a été le disciple de Maître KODO SAWAKI . Sa venue en France fut une grande chance pour les Européens qui ne connaissaient guère le Zen auparavant que par les livres. Ils purent aborder, sous sa direction, la véritable pratique qui leur était jusqu’alors inconnue.Durant les quinze années qu’il vécut à Paris, Maître Taisen Deshimaru créa une centaine de dojos et groupes de zazen répartis sur quatre continents et fonda le premier grand temple d’Occident «La Gendronnière», ainsi que l’Association Zen Internationale.

Avec l’aide de ses disciples, il édita de nombreux livres et diverses publications périodiques. Il établit aussi d’excellents rapports avec des savants, artistes, thérapeutes de tous pays et contribua grandement au rapprochement Orient-Occident, qu’il considérait comme un des grands espoirs de notre époque; par l’introduction du Zen dans notre civilisation, il souhaitait aider l’humanité à franchir la crise qu’elle traverse.Taisen Deshimaru est décédé le 30 avril 1982, laissant à ses disciples l’essence de son enseignement et la mission de transmettre à leur tour la pratique du Zen.

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